Gérard Tafanel, patron de la célèbre brasserie La Rotonde à Montparnasse, a été condamné en appel à 30 000 euros d’amende et à un an de prison avec sursis. Après avoir été épinglé par le fisc, le restaurateur était poursuivi au pénal.
C’est la fin d’une saga fiscale, gastronomique et judiciaire très parisienne. La Rotonde, fameuse brasserie du boulevard Montparnasse (XIVe), symbole politique depuis que le président de la République Emmanuel Macron y a fêté sa première victoire présidentielle en 2017, est passée par la case justice.
Mardi, comme le révèle le site L’informé, Gérard Tafanel, charismatique patron de l’établissement, a été définitivement condamné en appel pour « fraude fiscale ». Il écope de 12 mois de prison avec sursis assortis d’une amende de 30 000 euros et la confiscation de 21 168 euros déjà saisis.
Après avoir toujours nié les faits, le restaurateur a fini par reconnaître avoir dissimulé une partie des recettes de sa brasserie. Et par plaider coupable dans le cadre d’une reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).
Une dénonciation à l’origine de la condamnation
À l’origine, une dénonciation avait amené le fisc à éplucher les comptes de la brasserie pendant plusieurs années, puis à la gratifier d’un important redressement fiscal. Au vu de la gravité des faits découverts, l’administration avait saisi le procureur de la République.
En première instance, le tribunal avait prononcé 18 mois avec sursis à l’encontre de Gérard Tafanel, et surtout une interdiction de gérer son établissement pendant trois ans. Un crève-cœur pour l’Auvergnat qui, tous les soirs depuis des décennies, dirige avec son frère ses brigades de serveurs entre les allées du prestigieux établissement familial, tout en boiseries et lourds rideaux en velours rouge, non loin du Dôme et de la Coupole.
Une « grande détermination pour se soustraire à l’impôt »
Cette semaine, lors du procès en appel, la justice s’est montrée plus clémente. Le changement d’axe de défense de Gérard Tafanel aura été fructueux, alors que ce dernier dénonçait en 2020, dans nos colonnes, des accusations aux airs de « tissu de mensonges, pure invention » à son encontre.
Pas de quoi convaincre le tribunal toutefois, qui l’avait étrillé en soulignant sa « particulière mauvaise foi » et « sa grande détermination pour se soustraire à l’impôt en employant des méthodes de dissimulation élaborées ».
Une série d’irrégularités relevées par les enquêteurs
Tout au long des investigations, les enquêteurs des impôts puis les policiers de la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la police judiciaire parisienne ont mis la main par vagues sur une comptabilité trafiquée, des irrégularités dans le fonctionnement des caisses enregistreuses, des tickets de caisses non numérotés, et un étrange logiciel qui permettait de supprimer certaines recettes. Devant les juges, Gérard Tafanel avait alors expliqué avoir cassé un ordinateur par maladresse et « l’avoir jeté à la benne à ordure ».
« La Rotonde, c’est sa vie ! », a clamé son avocate, Maître Jacqueline Laffont, mardi devant la cour d’appel, après dix ans de volet fiscal et pénal. Tout le challenge consistait pour elle à supprimer l’interdiction pour son client de gérer son restaurant. Défi relevé. Contactés ce vendredi, ni Maître Jacqueline Laffont ni Gérard Tafanel n’ont souhaité réagir.
Par Céline Carez – LE PARISIEN